Cambrai, geografia, Laissez vous conter (FRA)

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Villes et Pays d’Art et d’Histoire
au fil de la ville
Cambrai
laissez-vous
conter
Huile sur toile représentant l’abbaye
Saint-Géry au Mont-des-Boeufs avant
sa démolition en 1543, d’après Melchior
Fallon, maître maçon à Cambrai.
Ce plan de Cambrai du XVIII
e
siècle
montre la répartition des quartiers
en neuf paroisses et la ceinture
de fortifications et des ouvrages
avancés de la ville.
Ces deux maisons du XVII
e
siècle
de la place du Marché présentent
les caractéristiques de l’architecture
régionale à pignon sur rue à redents
ou à volutes.
Du castrum
gallo-romain...
Cambrai est mentionnée pour
la première fois au III
e
siècle
sur une carte des voies et
agglomérations de l’Empire
Romain, la table de Peutinger.
Il ne s’agit que d’une modeste
bourgade située au croisement
des routes menant à Bavay,
Arras et Saint-Quentin.
Lors des invasions franques
au IV
e
siècle, elle devient
chef-lieu des Nerviens à la
place de Bavay. C’est
probablement à cette époque
que la première enceinte est
élevée.
A la cité épiscopale
Au VI
e
siècle, Cambrai devient
siège épiscopal et se développe
autour de ses édifices
religieux, dont la cathédrale
et l’abbaye Saint-Aubert à
proximité du noyau gallo-
romain. L’église édifiée sur
une éminence proche, le
Mont-des-Boeufs, reçoit le
corps de l’évêque Géry et
devient le centre d’un
pèlerinage important dédié
au saint. A la fin de la période
mérovingienne, l’ancien
castrum et le Mont-des-Boeufs
constituent ainsi les deux
centres d’urbanisation
de la ville.
L’essor urbain
au Moyen Age
Face aux invasions des IX
e
et
X
e
siècles, l’évêque Dodilon
édifie une enceinte englobant
le noyau primitif, la cathédrale
et l’abbaye Saint-Aubert.
Une autre muraille protège
Saint-Géry au Mont-des-
Boeufs. Entre ces deux pôles,
des quartiers s’organisent.
Le marché se développe sur
la grande place ; les corps de
métiers se regroupent par rues
(rues des Rotisseurs, des
Chaudronniers...). Au
XI
e
siècle, une enceinte,
renforcée au XIV
e
siècle,
contient l’ensemble de la ville
et en fige les contours.
Les rangs de maisons, rue de
Selles, se distinguent par la
régularité de leurs alignements
au XVIII
e
siècle.
Les destructions de la Première
Guerre mondiale sont considérables :
900 immeubles sont détruits, le
centre-ville est dévasté.
En 1919, les villes sinistrées de plus de
10000 habitants organisent un concours
pour leur reconstruction. Le projet de Pierre
Leprince-Ringuet retient la création du Mail
Saint-Martin, de l’avenue de la Victoire et de
la place de la République qui dégagent de
larges perspectives.
Les mutations du XVI
e
au XVIII
e
siècle
En 1543, Charles Quint fait
démolir l’abbaye Saint-Géry et
le quartier attenant pour
construire une citadelle. Plus
de 700 maisons disparaissent
ainsi du paysage urbain. Dans
le même temps, le système
défensif de la ville est
renforcé. La conquête
française de 1677 induit un
nouveau bouleversement.
Les maisons à pignon sur rue
sont proscrites et remplacées
par une disposition des murs
gouttereaux sur rue
(rue des Capucins,
rue des Anglaises...).
Cette influence française
caractérise également les
reconstructions des abbayes
du Saint-Sépulcre (actuelle
cathédrale) et Saint-Aubert
(actuelle église Saint-Géry).
Vauban fait ajouter des
ouvrages fortifiés, notamment
autour de la porte de Paris.
Lors de la Révolution, la
plupart des édifices religieux,
dont la cathédrale médiévale,
sont vendus puis démolis.
Certaines places, comme la
place Jean Moulin, ont pour
origine ces espaces devenus
vacants.
Le démantèlement
En 1892, pour désengorger
le centre-ville surpeuplé et
aménager des axes rayonnants
permettant de relier les
faubourgs au centre, les
fortifications sont
démantelées. Elles font place
à de larges boulevards.
Certaines portes, aujourd’hui
intégrées dans le tissu urbain,
en sont les derniers témoins.
Cette période de remodelage
s’accompagne de la
destruction d’immeubles
vétustes et de l’embellissement
d’anciens quartiers.
Cambrai aujourd’hui
Après les destructions de la
Grande Guerre, l’architecte
Pierre Leprince-Ringuet
conçoit un programme urbain
fonctionnel, redistribuant les
fonctions administratives et
commerciales autour de la
Grand’Place. La deuxième
reconstruction après 1945
engendre certaines
modifications, comme la
disparition de la place au Bois.
Par la suite, des quartiers
pavillonnaires se développent
et un centre universitaire est
créé dans les zones
périphériques, confirmant la
croissance urbaine de la ville.
Cette gravure de l’église métropolitaine de Cambrai
a été réalisée par Jacobus Harrewyn (1662-après 1732).
La "merveille des Pays-Bas" est le fleuron de l’architecture
gothique de la région entre 1150 et 1250. Son clocher,
achevé au XV
e
siècle, culmine à 114 m.
Extrait de messe du XV
e
siècle
composée par Guillaume du Fay,
formé à la maîtrise de la
cathédrale de Cambrai.
Ce tableau de François-Antoine
Saint-Aubert, "La grande place
un jour de mardi gras" montre
l’hôtel de ville en 1765,
avant sa reconstruction.
Un centre religieux
Au début du VI
e
siècle, Clovis
charge son catéchiste, saint
Vaast, d’évangéliser les régions
d’Arras et de Cambrai. Vers
590, sous l’épiscopat de saint
Géry, Cambrai devient
définitivement siège d’évêché.
Au IX
e
siècle, la ville reçoit de
Louis le Pieux le privilège de
l’immunité, conférant à
l’évêque un rôle politique
important. Il se confirme en
1007 quand l’empereur
Henri II confie le pouvoir
temporel à ceux qui sont
désormais des comtes-évêques.
Une ville d’Empire
A la suite du traité de Verdun
partageant l’Empire de
Charlemagne, Cambrai échoit
d’abord à la Lotharingie
puis à partir de 925 au
Saint Empire romain
germanique. La ville occupe
alors la position stratégique
de ville-frontière.
La Commune
En 958, Cambrai connaît
un des plus précoces
soulèvements communaux
d’Europe. En 1077, une
nouvelle conjuration,
organisée contre l’évêque
Gérard II, est violemment
réprimée. Plusieurs autres
tentatives échoueront jusqu’en
1227, date à laquelle l’évêque
Godefroy de Fontaines
promulgue une loi instituant
la création d’un collège de
quatorze échevins et deux
prévosts.
Le château de Selles, élevé par les
comtes-évêques, présente
un exceptionnel ensemble de
graffitis gravés par les détenus
du XIV
e
siècle à la veille de la
Révolution.
Le tombeau de Fénelon,
conservé dans la cathédrale,
est réalisé par David d’Angers
en 1824. Les bas-reliefs illustrent
la générosité légendaire
du prélat.
Le Monument de la Victoire,
de Georges Verez, commémore
la Grande Guerre et le souvenir
de la bataille de chars de
novembre 1917.
L’apogée médiéval
A la tête d’immenses
propriétés, les comtes-évêques
garantissent à la ville une
période de prospérité.
De nombreux monastères,
abbayes et hôpitaux sont
fondés. La cathédrale
gothique, entreprise au milieu
du XII
e
siècle, est considérée
comme la "merveille
des Pays-Bas".
La ville est aussi un foyer
intellectuel : l’épopée de Raoul
de Cambrai est composée au
XII
e
siècle ; l’architecte Villard
de Honnecourt et l’évêque
Pierre d’Ailly figurent parmi
les esprits brillants de leur
temps.
Heurs et malheurs
d’une ville-frontière
Lors de la guerre de Cent Ans,
Cambrai, ville-frontière,
est le théâtre de nombreux
affrontements. Elle parvient
toutefois à préserver sa
neutralité et accueille plusieurs
rencontres diplomatiques
dont, en 1529, celle de la Paix
des Dames. En 1543, Charles
Quint en fait une importante
place forte des Pays-Bas
espagnols en la dotant d’une
citadelle. Afin de lutter contre
la Réforme, les diocèses sont
remodelés en 1559 et Cambrai
devient archevêché.
Le rattachement
à la France
Cambrai est depuis longtemps
convoitée par la France.
Louis XIV décide de procéder
en personne au siège de cet
"épouvantable écueil", selon
Boileau et entre dans la ville
le 19 avril 1677. La Paix de
Nimègue, en 1678, consacre
cette victoire. Pour assurer sa
conquête, le roi nomme en
1695 un homme de confiance,
Fénelon, archevêque de la
ville. La Révolution met fin à
la puissance du clergé tandis
qu’en 1790, la première
municipalité prend ses
fonctions.
Aux XIX
e
et XX
e
siècles
La ville reste en marge
de la Révolution industrielle
mais détient une vocation
essentiellement agricole.
Occupée pendant quatre ans
et proche de la ligne
Hindenbourg lors de la
Grande Guerre, la ville est
ravagée. De nouveau occupée,
bombardée et incendiée
pendant la Seconde Guerre
mondiale, elle connaît ainsi
deux reconstructions.
Cambrai est aujourd’hui ville
commerciale, tournée vers les
industries agro-alimentaires et
textiles, ville universitaire et
centre administratif, sous-
préfecture du Nord.
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